La crise du Covid-19 touche l’ensemble de la société et particulièrement les personnes socialement précarisées. Pour celles-ci, les mesures adoptées jusqu’à présent sont inefficaces. Des milliers de travailleuses-rs qui touchent à peine le minimum vital dans des conditions normales passent à travers les mailles du filet et sont actuellement en grande difficulté : elles/ils ne peuvent prétendre à une indemnité ni de l’assurance chômage ni de l’APG.
Les raisons de cette situation sont multiples. Les agences de placement envoient les employé-e‑s temporaires « chez eux/elles », au lieu de leur proposer le chômage partiel. Ce dernier est refusé aux travailleuses-rs domestiques. Les salarié-e‑s rémunéré-e‑s à l’heure ont toutes les peines du monde à prouver leur taux d’occupation et celles/ceux qui viennent d’arriver en Suisse et/ou de débuter un travail ne peuvent pas faire valoir une durée de cotisation suffisante à l’assurance chômage. La situation est particulièrement précaire pour les employé-e‑s sans passeport helvétique qui, même en travaillant en Suisse depuis de nombreuses années, ne peuvent pas prétendre à l’aide sociale de peur que leur perspective de naturalisation ou de conservation de permis de séjour ne soient compromise, voire qu’elles/ils fassent l’objet d’un renvoi.
Le message du Conseil fédéral était clair : « Nous n’abandonnons personne. Nous prendrons soin de vous ». Nous soutenons sans réserve cette attitude. Pourtant, les images des files d’attente interminables pour obtenir de l’aide alimentaire fournie par des associations caritatives infirment l’engagement pris par les autorités. Pour beaucoup de personnes concernées, il s’agit d’une humiliation difficilement supportable. Nous demandons donc à la Confédération et aux cantons de débloquer maintenant les ressources nécessaires à un fonds de transition Covid-19 qui garantisse une protection sociale digne de ce nom à toute.s celles/ceux qui passent à travers les mailles des mesures d’urgence décidées jusqu’à présent. Nous pensons particulièrement aux personnes appartenant à un ou plusieurs des groupes suivants :
Les travailleuses-rs domestiques
Les bas salaires, les conditions d’emploi précaires, les couvertures d’assurance sociale manquantes ou incomplètes et les permis de travail ou de séjour précaires font partie de la vie quotidienne de nombreuses‑x travailleuses-rs domestiques. Lors de la crise du Covid-19, une grande partie d’entre elles/eux ont perdu tout ou partie de leur revenu du jour au lendemain – sans droit aux indemnités de chômage partiel.
Les aidant-e‑s dans les ménages privés
En raison de la fermeture des frontières, des restrictions de sortie et de la crainte d’infection des personnes soignées, les aidant-e‑s dans les ménages privés sont souvent dans l’incapacité de continuer à travailler. Même si elles/ils pourraient prétendre à leur salaire, il leur est souvent difficile, voire impossible, de le réclamer. Elles/eux n’ont pas non plus droit aux indemnités de chômage partiel.
Les travailleuses-rs sans statut légal (Sans-papiers)
La plupart des travailleuses-rs sans statut légal ont perdu leur emploi et donc leurs moyens de subsistance à cause de la crise du Covid-19. Sans statut régulier, elles/ils n’ont droit ni aux indemnités de chômage ni à l’aide sociale. Il ne s’agit pas uniquement de personnes seules, mais aussi de familles avec enfants pour qui la situation devient catastrophique.
Les travailleuses-rs sans statut de salarié.e et les entrepreneuse-rs individuel-le‑s
Les « fausse‑x indépendant-e‑s » qui travaillent comme coursier-e‑s, chauffeuse-rs de taxi ou « clickworkers » dans l’économie des plateformes numériques, mais aussi de nombreuses‑x microentrepreneuses-rs, travailleuses-rs culturels ainsi que travailleuses-rs du sexe souffrent de pertes de revenus massives.
Les salarié-e‑s licencié-e‑s sans droit aux prestations de chômage
Les employé-e‑s ayant un contrat à durée déterminée (parfois en chaîne) sont souvent licencié-e‑s alors qu’elles/ils auraient pu bénéficier du chômage partiel sur demande de leur employeur. Or, certains d’entre elles/eux n’ont pas une durée de cotisation suffisante pour pouvoir bénéficier des indemnités AC.