Après des années de négociations, l’UE s’est mise d’accord le 20 décembre 2023 sur une réforme de l’asile. Celle-ci prévoit de nombreux durcissements qui se font au détriment des droits humains des personnes en fuite.
La réforme prévoit désormais des procédures d’asile qui seront déjà menées aux frontières extérieures de l’UE. Les demandeurs d’asile ayant de «faibles chances d’être acceptés» devront passer par une procédure d’asile dans des centres d’asile situés à proximité de la frontière. Jusqu’à ce que la décision soit prise, les réfugiés seraient hébergés dans des conditions proches de la détention et, en cas de rejet de la demande d’asile, seraient directement expulsés de ces centres. En cas de nombre particulièrement élevé de personnes en quête de protection, les réfugiés ayant de meilleures chances d’être reconnus devraient également passer par la procédure frontalière. Cette procédure doit notamment servir de dissuasion afin que les personnes ayant peu de chances d’être accueillies n’entrent pas dans l’UE.
En outre, les critères pour les pays tiers dits sûrs sont nettement élargis. A l’avenir, davantage de pays seront donc considérés comme sûrs et les expulsions vers des pays comme la Tunisie ou l’Albanie seront à nouveau plus faciles. L’organisation non gouvernementale allemande Pro Asyl estime qu’avec l’extension de ce concept, il faut s’attendre à «de nouveaux accords contraires aux droits de l’homme avec des gouvernements autocratiques».
Un autre point de la réforme de l’asile est le «mécanisme de solidarité». Celui-ci doit régler la répartition des réfugiés entre les pays de l’UE. Chaque pays doit accueillir un certain quota de personnes en quête de protection. Si un Etat ne veut pas accueillir de demandeurs d’asile, il peut «se racheter» en versant de l’argent ou en fournissant des prestations en matériel.
De nombreuses organisations non gouvernementales, comme l’ODAE, portent un regard critique sur cette réforme de l’asile. Felix Braunsdorf, expert en fuite et migration chez Médecins sans frontières, parle d’une «journée catastrophique pour les personnes qui fuient la guerre et la violence. […] Avec sa réforme de l’asile, l’Union européenne mise sur les camps d’internement, les clôtures et les expulsions vers des pays tiers peu sûrs. C’est un compromis au détriment des droits de l’homme».
La réforme de l’asile de l’UE n’est pas un «succès», comme l’a qualifié la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, mais un démantèlement de l’accès à l’asile, une restriction massive des droits des personnes en quête de protection et est surtout contraire aux droits de l’homme.